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ALAIN BADIOU
1937
Naissance à Rabat, Maroc, en 1937. Ses parents sont professeurs, son père de mathématiques, sa mère de français. Militant socialiste anticolonialiste, son père est expulsé du Maroc par le régime Pétain. Il s’installe à Toulouse, entre dans la Résistance, et devient maire de Toulouse à la Libération en 1944. Il le sera jusqu'en 1958, date à laquelle il démissionnera, en rupture de la SFIO qui soutenait la guerre d'Algérie. La pensée politique du père ne sera évidemment pas étrangère au futur militantisme du fils. Alain Badiou fait toutes ses études, primaire et secondaire, à Toulouse.
1947-1953
Peu après la Libération, ses parents l’inscrivent en classe de 6e dans un lycée expérimental situé dans une grande propriété avec petit château, léguée au lycée officiel par un notable de la région. C’est une période d’intenses découvertes dans tous les domaines, avec un petit groupe fervent de professeurs et d’élèves. En particulier, il découvre le théâtre, notamment sous la direction de Max Primault, professeur de français. C’est ainsi qu’il joue le rôle-titre dans Les fourberies de Scapin, au lycée, puis en tournée dans la région. Cette passion ne le quittera plus, et redeviendra essentielle à partir des années quatre-vingt. Obtient le prix du concours général de français.
1953-1955
Il s’oriente d’abord vers les sciences, et passe le baccalauréat S (à l’époque Math.Elem.). Puis, sous l’influence de sa lecture de Sartre, vire de bord et entre à la rentrée suivante, toujours à Toulouse, en Hypokhâgne (préparatoire à l’ENS lettres), après avoir passé, à la session de septembre, le bac L (à l’époque Philo). Il « monte » à Paris à la rentrée 1955, pour faire sa khâgne à Louis-le-Grand.
1956
Il entre à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm, où il rencontrera des maîtres comme Althusser, Hyppolite, Canguilhem, Lacan…Et aussi, à travers lectures et discussions, toute la grande histoire de la philosophie, de Platon à Heidegger. Cependant, il est encore sartrien. Le fond historique est d’une grande noirceur : militance contre l’atroce guerre d’Algérie, coup d’Etat gaulliste… Rencontre plusieurs fois Simone de Beauvoir. Débuts de la vie militante, conçue centralement comme une liaison effective aux ouvriers et aux gens du peuple, liaison fondée sur la pensée politique, vision qu’il n’abandonnera plus, mais dont les traductions organisationnelles changeront souvent.
1956-1960
Ce sont ses cinq années à l’ENS, années de formation sur tous les plans. Premièrement, il s’engage dans le structuralisme, à travers des lectures passionnées de Levi-Strauss, de Freud, de Marx, et l’acquisition de vraies compétences en linguistique et en logique formelle. Deuxièmement, se concevant à l’époque plutôt comme écrivain que comme philosophe, il entreprend d’écrire une « prose » dans la descendance de Joyce. Troisièmement, il milite activement et continûment contre la guerre coloniale en Algérie. Baptême du feu en ce qui concerne la participation à des manifestations interdites et violemment réprimées, les réunions clandestines, les collages d’affiches nocturnes, bref, toutes les formes de l’action militante réelle. Sans rejoindre ceux qui, avec Francis Jeanson, organisent le soutien matériel au FLN algérien, il se réunit avec eux pour publier la feuille « Vérité pour… », y écrire plusieurs articles et la diffuser à des gens sûrs. En même temps, il fonde avec Emmanuel Terray une section de l’ENS du parti socialiste ; rejoint la minorité de ce parti qui s’oppose à la guerre d’Algérie ; anime avec cette minorité la scission de 1958, d’où résulte le Parti Socialiste Autonome (PSA) puis le Parti Socialiste Unifié (PSU), à la fondation duquel participe aussi son père, toujours à Toulouse ; devient le secrétaire de la section de ce parti dans le V° arrondissement.
En 1957, rejoint le comité de rédaction de la revue Vin Nouveau, inspirée par des chrétiens progressistes, notamment son ami Jean-Yves Tadié. Il y écrit son premier texte sur Wagner, dont il a vu, à Bayreuth, ébloui, les mises en scène radicalement nouvelles inventées par Wieland Wagner. Il écrit aussi sur le cinéma, qui restera – après une culture intensive de son héritage historique obtenue dans les locaux de la cinémathèque, tout à côté de l’ENS – un de ses grands centres d’intérêt.
Avec Roger Lallemand et Pierre Verstraeten, grand sartrien qu’il rencontre à l’ENS, il enquête, en 1960, sur la grande grève générale en Belgique. Épisode important, qui consolide pour toujours son choix d’être du côté des mouvements populaires, quoi qu’il arrive. Il commence sa carrière de journaliste, qui sera très productive, en racontant ses impressions et ses discussions avec les grévistes dans Tribune Socialiste, le journal du PSU. Reçu premier à l’agrégation de philosophie.
1961-1962
Service militaire comme simple soldat, flûtiste dans la fanfare de la 3° région aérienne. À son retour, nommé professeur de philosophie au lycée de Reims.
1964
Publie son premier livre, Almagestes, somme littéraire commencée dès 1956 et terminée depuis 1960. A cette occasion, il fait la connaissance, aux éditions du Seuil qui publient le livre, de François Wahl, admirable éditeur qui deviendra son ami et le restera jusqu’à sa mort, en 2014.
1965
Nommé au Collège Universitaire nouvellement créé à Reims. Début de son séminaire, devant un public nombreux et composite, séminaire qu’il tiendra sans discontinuer jusqu’à aujourd’hui, à Reims, puis à Paris-VIII, puis au Collège International de Philosophie, puis à l’Ecole Normale Supérieure. Une édition complète de trente années de ce séminaire, entre 1983 et 2013, est en cours aux éditions Fayard.
1966
Commence, à l’initiative de Dinah Dreyfus, inspectrice générale de philosophie, une série de courts films destinés aux classes terminales, où il dialogue, comme s’il incarnait le personnage du jeune homme dans un dialogue de Platon, avec Hyppolite, Canguilhem, Aron, Serres, Foucault, Henry, Ricœur… Cette série a été partiellement rééditée en format vidéo, puis en DVD, dans les années récentes.
1967
Publication de son deuxième livre, un roman, Portulans, entrepris depuis 1961, pendant le service militaire. Roman qui porte trace, en cette fin des années soixante, d’une sorte de mélancolie : le destin d’intellectuel « ordinaire », la vie provinciale, la politique parlementaire, la famille, tout cela, en profondeur, ne lui suffit pas.
Membre de la mission de la Ligue des Droits de l’Homme, avec son ami l’avocat belge Roger Lallemand, en Bolivie, pour le procès de Régis Debray accusé de participation à la guérilla révolutionnaire dans ce pays. Est encore en Bolivie quand Che Guevara y est assassiné. Grande émotion.
Entre au comité éditorial de Cahiers pour l’Analyse, revue lacanienne de très haute intellectualité, fondée par Jacques-Alain Miller, avec Jean-Claude Milner, François Regnault… Publie dans cette revue deux articles étroitement liés aux développements mathématiques (notamment en théorie des ensembles) dont il suit avec application et passion les péripéties.
1968
Dans le cadre du « Cours de philosophie pour scientifiques » organisé par Althusser à l’ENS, il donne une première conférence titrée « Le concept de modèle ». Une deuxième conférence était prévue, mais a été annulée suite aux premiers épisodes de Mai 68.
Participation enthousiaste, toujours cependant provinciale, et en liaison initiale avec ses fonctions de dirigeant dans le PSU, à Mai 68 et ses suites. Début des enquêtes politiques dans les usines de Reims, et premières réunions avec des activistes ouvriers. Prend connaissance avec le plus grand intérêt des positions maoïstes, du conflit idéologique entre communistes chinois et communistes soviétiques, et des moments forts de la Révolution Culturelle.
1969-1970
Il est nommé à l’université expérimentale Paris VIII (Vincennes) dès sa création. Il contribuera à faire de cette Université le lieu unique qu’elle a été, à la fois épicentre de l’activisme politique dans une lutte permanente sur deux fronts (contre le pouvoir en place de la droite, contre le caractère conservateur du Parti Communiste) et lieu de création philosophique ininterrompue, où enseignèrent notamment Foucault, Deleuze, Lyotard, Châtelet, Rancière…
Le livre « Le concept de modèle », résultat de la conférence de 1968 à l’ENS, sort chez Maspéro. C’est son premier livre de philo. Vif succès, qui sur le moment le laisse indifférent, car il est provisoirement éloigné de la préoccupation épistémologique, et tout entier livré à la politique révolutionnaire. Avec trois autres militants du PSU, Harry Jancovici, Denis Ménétrey et Emmanuel Terray, il écrit une brochure « Pour un parti marxiste-léniniste de type nouveau ». Il en soutiendra encore les principes au congrès du PSU en 1970, avant de rompre avec ce parti pour rejoindre le maoïsme organisé.
1970-1980
Vie politique intense, dans le cadre de l’organisation maoïste UCFML, fondée avec Natacha Michel et Sylvain Lazarus. Création de noyaux d’usines, réunions en province et dans les banlieues, amitiés dans les foyers ouvriers, etc. Définition progressive du maoïsme comme une étape significative, après le léninisme, des conceptions révolutionnaires de type communiste.
Ecrit, entre 1975 et 1977, de petits livres de philosophie militante : Théorie de la contradiction, De l’idéologie, Le noyau rationnel de la dialectique hégélienne, tous publiés chez Maspéro.
Reprend sur cette base idéologique le fil de la philosophie en son sens classique, surtout à partir de 1974 (séminaire à Vincennes sur la dialectique, le sujet, l’éthique…). Reprend aussi l’écriture littéraire, dans la forme du théâtre : écrit l’Écharpe rouge, décalque révolutionnaire du Soulier de satin de Claudel. Ce « romanopéra » est publié en 1979 (Maspéro)
Lutte idéologique sévère contre le courant renégat et contre-révolutionnaire qui se fait jour dès 1976, en particulier avec les « nouveaux philosophes », tels André Glucksmann et Bernard-Henri Lévy. Alain Badiou assume sans défaillir le bilan complet des années gauchistes.
Participe avec Natacha Michel à la création et à l’animation du groupe d’intervention culturelle nommé « Groupe Foudre ». Publie à ce titre nombre d’articles sur le cinéma, art auquel il a consacré un de ses premiers articles, aux temps de la revue Vin Nouveau (cf. année 1958)
1982-1983
Publication, aux éditions du Seuil, de Théorie du sujet, bilan du séminaire. Echo très faible sur le moment. Création avec Natacha Michel du Quinzomadaire Le Perroquet, dans lequel il écrit de très nombreux articles, aussi bien politiques que sur l’art, la littérature ou la philosophie. Création conjointe de l’association « Les Conférences du Perroquet », auxquelles participeront, outre le groupe issu de l’UCFML, un grand nombre des intellectuels et écrivains réellement créateurs dans ces années, les philosophes Lacoue-Labarthe, Nancy, Balibar, Rancière… ; les poètes Roche, Roubaud, Deguy… ; les scientifiques Prochiantz, Guitart, Althabe… ; les essayistes, comme Milner ; les romancier(e)s Delay, Chaillou… ; les gens de théâtre, Vitez, Regnault… ; et bien d’autres encore.
1984
Commence l’écriture d’un ouvrage théorique fondamental, qui unifie les expériences politiques, mathématiques et artistiques (cf. 1988)
Écrit deux pièces de théâtre, Ahmed le subtil et L’Incident d’Antioche, une comédie et une tragédie.
Création à l’opéra de Lyon, puis à Avignon et à Chaillot, de L’écharpe rouge, opéra tiré du livre de 1979. Musique de G. Aperghis, mise en scène d’Antoine Vitez. L’accueil critique est globalement très sévère. Alain Badiou est, pendant toute l’époque mitterrandienne, tout à fait à contre-courant.
1985
Création de l’Organisation Politique, avec le noyau fondateur de l’UCFML. On entre dans une nouvelle séquence de la situation mondiale et nationale.
1986
Début du séminaire public sous sa forme entièrement libre d’accès, le mardi puis le mercredi soir, au Collège International de Philosophie, puis à l’ENS. Centaines d’assistants.
1988
Publication aux éditions du Seuil de l’Être et l’événement, bilan des recherches philosophiques de presque dix ans.
1989
Écriture de l’ultime version de la pièce L’incident d’Antioche, commencée en 1984, tragédie qui suit le canevas de la pièce de Claudel La Ville. Antoine Vitez en fait une lecture saisissante au TNP de Villeurbanne. La mort de Vitez, l’année suivante, est pour Alain Badiou un deuil difficile.
Publication, toujours aux éditions du Seuil, d’une forme concentrée et accessible des principales orientations philosophiques contenues dans L’être et l’événement, sous le titre Manifeste pour la philosophie. Ce petit livre obtient un succès non négligeable et est rapidement traduit dans plusieurs langues.
Alain Badiou passe son habilitation aux fonctions de professeur des universités devant un jury composé de Desanti, Lacoue-Labarthe, Lyotard, Poulain et Rancière. Presque dans la foulée, il est nommé (il a 53 ans) professeur à Paris VIII (où il enseigne déjà comme maître de conférence depuis vingt ans).
1991-1993
Publication, sous le titre Conditions (Seuil), et avec une préface de François Wahl, de toutes sortes de textes conçus dans la descendance de L’être et l’événement. Les textes sont classés selon les « conditions de vérité » auxquels ils se réfèrent : poésie et littérature, politique, amour (et psychanalyse lacanienne), mathématiques.
Publication chez Hatier, sous la direction du remarquable éditeur Benoît Chantre, de L’Éthique, essai sur la conscience du mal, application concise et claire des concepts essentiels élaborés depuis quinze ans. L’Éthique deviendra en dix ans un best-seller mondial.
Premier long voyage en Amérique Latine (au Brésil), l’invitation venant principalement des organisations lacaniennes.
1994-96
Création de tout le cycle théâtral autour du personnage d’Ahmed (mises en scène de Christian Schiaretti, à la comédie de Reims, à Avignon, et dans des tournées en France comme à l’étranger). A la pièce écrite en 1984, sont ajoutées trois autres (Ahmed se fâche, Ahmed philosophe et les Citrouilles). Elles seront publiées toutes ensemble par Actes Sud (collection Babel) sous le titre La tétralogie d’Ahmed.
Reprend l’écriture romanesque (un grand roman en décalque de Les Misérables, de Victor Hugo).
1996
Début, avec l’Organisation politique, d’un engagement politique aboutissant à de nouvelles formes d’action et de délibération, en particulier avec les ouvriers sans papiers d’origine africaine. Travail militant systématique dans les foyers ouvriers. Création d’une organisation de masse de type nouveau, le Rassemblement des Ouvriers Sans Papiers des Foyers et de l’Organisation Politique. Cependant, progressivement, Alain Badiou constate que l’orientation politique prend peu à peu le tour spécialisé d’une association progressiste qui se consacrerait à un seul aspect des contradictions dont est tissée la vie collective. Il va tenter pendant quelques années de freiner cette évolution, peut-être inévitable dans le contexte contre-révolutionnaire qui domine la situation mondiale, puis il s’éloignera de la politique organisée et militante en son sens ordinaire.
Nommé en 1996 membre du jury du concours d’entrée à l’École Normale Supérieure. Entreprend d’y réhabiliter la valeur de l’épreuve de philosophie en disposant les notes de 3 à 19, au lieu de l’habituelle fourchette de 6 à 14.
1997-1998
Livres qui tirent les conséquences des concepts cumulés, dans des directions diverses. Succès, en particulier, chez Hachette, du livre Deleuze, La clameur de l’être, qui cependant suscite une polémique furieuse du côté de nombre de deleuziens.
Sortie, aux éditions P.O.L., du troisième grand roman, Calme bloc ici-bas. Alain Badiou constate avec tristesse une sorte d’échec public de ce livre, qu’il considère comme une des meilleures choses qu’il ait écrites.
Reprend de nombreux textes philosophiques dans trois livres qui composent une sorte de trilogie (au Seuil) : Court traité d’ontologie transitoire (avec appui mathématique), Petit manuel d’inesthétique (avec appuis poétiques, littéraires, cinématographiques, théâtraux, chorégraphiques…), Abrégé de méta-politique (avec appuis tirés tant de l’expérience militante que du domaine flou de la « philosophie politique »).
1999
Nommé professeur à l’École Normale Supérieure. Il travaille désormais à sa Logique des Mondes, suite de L’être et l’événement. Le support mathématique du livre lui a été indiqué par J.T. Desanti : c’est la théorie des catégories, rivale affichée, comme fondement des mathématiques, de la théorie des ensembles. Alain Badiou combine en fait les deux en distinguant le régime de l’être de celui de l’existence.
Fonde et préside le Centre International d’Étude de la Philosophie Française Contemporaine (CIEPFC).
Nombreux voyages aux USA, en Argentine, en Europe.
2000-2005
Les traductions en langue étrangère se multiplient, non seulement dans les « grandes » langues (anglais, espagnol, allemand…), mais dans toutes sortes de langues moins répandues.
Nommé Professeur émérite à l’ENS en 2004. Parution annuelle (aux éditions Lignes) de recueils d’articles sur la
situation politique.
Les Circonstances, 1, 2 et 3. Circonstances 3, consacré aux significations contemporaines du mot « juif », provoque de violentes polémiques. On cherche à accrocher à
Alain Badiou l’invraisemblable pancarte : « antisémite ».
Parution (Seuil) de Le siècle, bilan philosophique et historique du XXe siècle d’abord présenté, pendant trois ans, dans le séminaire du mercredi. Grand succès public. Le livre est presque immédiatement traduit dans les « grandes » langues.
2006
Parution (Seuil) de Logiques des mondes. Alain Badiou voyage de plus en plus, gagnant une audience internationale sans doute plus affirmée que son audience française. Il est devenu aussi professeur en quelque sorte permanent de l’European Graduate School, université de droit suisse où il donne pendant l’été un enseignement d’une vingtaine d’heures. Début d’un sourd malaise avec les Editions du Seuil, où, avec Barbara Cassin, il a succédé à François Wahl à la direction de la collection L’ordre philosophique. Barbara Cassin et lui-même quittent finalement Le Seuil pour fonder, chez Fayard, la collection Ouvertures.
2007
Le petit volume Circonstances 4 (Ed. Lignes) titré De quoi Sarkozy est-il le nom ?, connaît un succès considérable et inattendu. Alain Badiou est projeté sur la scène médiatique, projection qu’il tente de limiter et de contrôler. Premières apparitions à la télévision, invitations dans les radios officielles, sanglantes polémiques publiques…
2007-2014
Alain Badiou commence les travaux qui doivent mener à la rédaction d’un troisième volume de philosophie fondamentale, L’Immanence des vérités. La question de l’infini prend pour lui, dans cette perspective, une importance grandissante. Étude approfondie de la théorie mathématique contemporaine dite théorie des « grands cardinaux ». Cependant, il entend aussi populariser, dans une certaine mesure, les résultats de la précédente étape : ce que Manifeste pour la philosophie avait fait pour l’Être et l’événement, le Second Manifeste pour la philosophie le fait pour Logiques des mondes.
Dans le même temps, avec son ami le philosophe Slavoj Žižek, il entreprend de monter peu à peu un noyau intellectuel actif capable de relancer à échelle mondiale une transformation et une réhabilitation de l’Idée communiste. Cela donne une série de conférences internationales à Londres, Berlin, New-York et Séoul. Il s’agit d’une entreprise continue, visant à rallier autour du mot « communisme » des intellectuels de tous les pays, et de préparer ainsi une future organisation, active politiquement, pour relancer l’idée communiste dans les situations concrètes. Les actes de ces conférences sont publiés, en anglais et parfois en français. Alain Badiou fait écho à tout cela dans trois petits livres d’intervention qui complètent la série des Circonstances : L’hypothèse communiste, Le réveil de l’Histoire, et Sarkozy : pire que prévu. Tous les autres : prévoir le pire.
C’est en 2012 qu’est publié le résultat d’un immense travail engagé par Alain Badiou depuis six ans, un livre titré La République de Platon. Il s’agit, au-delà d’une saisie profonde du texte grec, d’actualiser en quelque sorte Platon, de montrer qu’il demeure notre contemporain. Il est frappant que ce gros livre ait été, deux ans après, déjà traduit en anglais, allemand, italien, espagnol, portugais, turc et chinois.
L’ensemble des écrits d’Alain Badiou sur le cinéma sont rassemblés par Antoine de Baecque dans un volume sobrement titré Cinéma.
Alain Badiou s’associe pour quelques publications à d’autres personnes. Soit sous la forme d’une collaboration : avec Cécile Winter pour Circonstances 3 (cf. 2003-2005), avec Barbara Cassin, pour Heidegger, le nazisme, les femmes, la philosophie et Il n’y a pas de rapport sexuel ; avec Elisabeth Roudinesco, pour Lacan, passé présent ; avec Éric Hazan pour le pamphlet L’antisémitisme partout. Soit sous forme d’une rude discussion arbitrée par une journaliste : Explication (avec A. Finkielkraut, arbitrage Aude Lancelin), Controverse (avec Jean-Claude Milner, arbitrage Philippe Petit), Que faire ? (avec Marcel Gauchet, arbitrage Martin Duru et Martin Legros).
Alain Badiou a aussi rassemblé ses textes concernant ses collègues, les philosophes français à ses yeux significatifs, dans deux volumes : Petit panthéon portatif (concernant les morts, de Sartre à Lacoue-Labarthe) et, concernant les vivants, L’aventure de la philosophie française depuis 1960.
Les publications en langue étrangère se succèdent presque sans interruption. Souvent, elles sont des publications originales, et non des traductions de livres publiés en français. Ainsi des amis australiens, sous la direction de A. J. Bartlett, ont publié Mathematics of the Transcendantal, d’après des polycopiés de cours donnés dans la période de préparation de Logiques des mondes. Bruno Bosteels a réalisé en langue anglaise des livres inédits, en rassemblant, annotant et préfaçant des articles qui ne l’avaient jamais été, sous des rubriques diverses (Badiou et l’antiphilosophie, Badiou et la littérature…). La littérature secondaire concernant Badiou est devenue un genre à soi tout seul, singulièrement en langue anglaise.
Un livre d’apparence marginale a été un véritable best-seller : il s’agit de la transcription d’un dialogue public avec Nicolas Truong, que celui-ci avait organisé à Avignon en 2008. Son titre : Éloge de l’amour. À ce jour, il s’en est vendu plus de 70 000 exemplaires. Dans la foulée, réalisé exactement dans les mêmes conditions, a paru en 2013 Éloge du théâtre. Sont en projet, pour compléter la série des conditions de la philosophie, Éloge des mathématiques et Éloge de la politique.
Le vieil amour d’Alain Badiou pour Wagner a finalement pris la forme d’un essai, Cinq leçons sur le « cas » Wagner, publié en 2010, et qui a depuis fait l’objet de nombre d’exposés et de discussions, notamment en Allemagne, en Suisse et aux États-Unis.
L’activité théâtrale n’a pas été cependant abandonnée. Divers essais de mise en scène, notamment de la pièce les Citrouilles, ont eu lieu à Marseille, Montpellier (sous la direction de Marie-José Malis, grand espoir, selon lui, du théâtre français contemporain), mais aussi Athènes et Buenos Aires. L’Incident d’Antioche a été traduit et publié en anglais (édition bilingue) et en allemand. Ahmed philosophe est sorti en 2014 en anglais. Grégoire Ingold a présenté avec un grand succès une version scénique de tout le début de La République de Platon. Enfin Alain Badiou travaille à une septième pièce de théâtre : Le second procès de Socrate, commande de France Culture et du TNP.
Grande tournée planétaire (Australie, Nouvelle Zélande, USA), premiers grands succès en Europe de l’est (Tchéquie, Serbie…), consolidation dans bien d’autres pays et lieux. Trois thèmes majeurs : la nouvelle étape de sa philosophie (L’Immanence des Vérités), l’idée communiste et le nouveau théâtre.
2015
Suite à d’obscures questions administratives, il ne peut plus assurer son séminaire mensuel – toujours comble dans la plus grande salle disponible – à l’Ecole Normale Supérieure, et accepte l’hospitalité du Théâtre de la Commune, à Aubervilliers, théâtre dirigé par Marie-José Malis. Il monte là chaque mois une sorte de spectacle composite, mi-cours de philosophie, mi-théâtre, avec un ou deux acteurs professionnels. La publication du séminaire avance régulièrement (cinq volumes déjà parus). La création radiophonique de la pièce Le second procès de Socrate a lieu sur France Culture le 10 mai, après un enregistrement public le 29 avril qui est un très grand succès.